Take up arms feat. Tyr

Comment j’aurais fait, hm ? J’ai eu le loisir de me poser cette question. Mais je préférerais effectivement éviter d’en parler inutilement longuement ici bas. Oui. Je ne le sais que trop bien. C’est l’une des raisons pour laquelle notre mythologie poussait à avancer, à combattre. La motivation d’une récompense glorieuse suite à une fin glorieuse à suffit à bercer le cœur de nombre d’humains, de notre temps. Même ceux qui n’étaient guerriers pouvaient, face à une fin juste, trouver un repos encore assez doux auprès de Hel… mais ce n’était rien comparé à l’éternel banquet. Quel plaisir, je m’y revois encore, observant ces hommes, tous dignes, lever leurs armes face à l’avenir et notre fin à tous. Ce n’était pas vraiment le même avenir que ce « paradis » à la fois pas assez décrit et incertain. Nous étions palpables. Pas des promesses en l’air. Elle continue en tout cas de boire mes mots. Mes paroles, mes histoires. Et plus je parles, plus elle s’assombrit. Est-ce si surprenant ? Pas du tout. Un soupir bref traverse mes lippes, tandis que je finis par continuer. Encore et encore, inlassablement. Offrant ces réponses honnêtement promises. Ce n’est qu’à sa tirade concernant l’humanité et les dieux que je finis par reprendre la parole, accordant un léger sourire de coin à son commentaire sur « le petit cul d’Isis ».

-Zeus est un vieu queutard lubrique, oui. Un queutard cependant capable d’un minimum de sagesse, lorsque le moment l’exige. Et oui, si il avait su la garder dans le pantalon, son panthéon s’en serait bien mieux sorti. Pour les autres, j’ai effectivement eu l’occasion de festoyer avec Dionysos, un jour. Il brasse un alcool particulièrement… mémorable. Hadès… pour ce que j’en sais, il à trouvé la mort en se frottant à une créature qu’il aurait mieux fait de laisser tomber dans l’oubli. La nourrissant de fait pour lui permettre de se mêler à nouveau à ce monde. Une créature que moi même je préférerais éviter d’énerver. Mais ce n’est pas la question. Sa guerre était injuste et il en à payé le prix. J’ai aimé croiser le fer avec Arès, cependant. Pour ce qui est de mon propre panthéon… Ma foi. Je crains que nos « réunions de familles » ne soient pas aussi glorieuses que tu ne l’imagines.

Après un léger silence, je reprends, paisible.

-Il aurait dû. Mais je comprends pourquoi il ne l’a pas fait. Il espérait sans doutes que me forcer à te l’apprendre t’amènerait à tisser un lien avec moi. Il espère sans doutes qu’à agir ainsi, tu feras le choix qui te permettra de sauver ta peau. Je pense que lui plus que quiconque sait à quel point son dieu peut se montrer injuste et cruel. Et je pense que c’est de ça, qu’il à voulu te préserver. Après tout, tu ne sais pas qui il est réellement, je me trompes ? De fait, je pense que lui plus que quiconque en ce bas monde sait à quel point tu peux mériter d’être sauvée, Fille de Jakob. Et si je peux me montrer parfaitement honnête, je commence à le penser, moi aussi.

J’ai eu envie de lui dire que celui qui se trouvait devant elle était bel et bien présent, de dieu, et qu’il pouvait résoudre bien des soucis, contrairement à celui qu’elle priait sans réellement y croire mais… je n’en fit rien. Cracher sur un absent ne fait pas partie de mes délires plus ou moins profond. J’ai déjà dit ce que je pensais de tout ça et de ce dieu absentéiste. Inutile d’en rajouter. Le reste… c’est à elle et elle seule de le comprendre et de l’accepter, quoi qu’on puisse en dire maintenant. Les faits sont ce qu’ils sont. Ce sont ses propres choix qui dicteront la suite. Quelque part, rien ne l’empêche de refuser en bloc le futur proposé par Arthur. Elle peut refuser, rentrer chez elle et il ne la refusera probablement pas. Elle aura d’autres missions et elle pourra continuer à mener cette vie la rongeant sans l’ombre d’un doutes. Ce sera son choix, et nous autres n’auront qu’à l’accepter. Elle n’est pas un pion. Pas aux yeux de Tyr, en tout cas. Les autres… après, je dois bien avouer m’en cogner assez pour ne pas avoir grand-chose à en redire. Aux yeux d’Arthur non plus, je pense. Sinon… Elle ne serait pas là présentement. Enfin. Je ne peux ici encore que respecter son choix et sa demande de rester seule. Je lui indique sommairement le chemin le plus simple pour se rendre à notre destination, lui offrant aussi la durée que ça lui prendra, avant de la laisser s’y rendre, prenant sur moi de choisir un autre chemin. Je serais capable d’arriver dans les temps dans tous les cas. Autant lui accorder ce souhait, naturel. Je peux comprendre le désir de se replier un peu sur soi même. Je patiente cependant jusqu’à la voir disparaître à la ligne d’horizon, avant de prendre moi même la route. Derrière moi, mon haut se fait tirer doucement. Je me tourne alors vers l’enfant qui, plus tôt, écoutait les mots de mon invitée. Elle semblait triste, et ne tarda en rien à me demander pourquoi la « gentille madame » semblait aller mal aussi, et si j’avais prévu de l’abandonner comme un « sac à chaussettes sales ». Un rire bref me traversa les lippes, tandis que ma main passait dans les cheveux de l’enfant, l’ébouriffant lentement, alors que je répondais.

-Certaines nouvelles rendent tristes même les plus forts, tu sais ? Ce n’est pas une honte de l’être. Et non, je ne prévois pas de l’abandonner, elle m’a simplement demandé de la laisser un peu seule. Rien de plus. Ne t’en fais pas, je pense que quand on remontera, tu la verra sourire bien assez vite !

Conclus-je avec un petit clin d’œil. En tout cas, c’était là mon souhait. La torturer ne faisait en rien partie de mes loisirs. Pas de cette façon là, en tout cas. Je me suis simplement engagé à répondre le plus honnêtement possible, selon mes propres perceptions. Ce que j’ai fatalement fait. Après avoir renvoyée l’enfant chez elle, ou tout du moins, dans les bras de sa sœur, un peu plus haut, j’ai entrepris de prendre un autre chemin. Peu importe le temps qu’il lui faudrait pour descendre, je préférais avoir à l’attendre que l’inverse. Autant que je sois là au cas ou elle désire vider son sac. Le trajet s’est donc passé dans le calme silence habituel. Cette solitude et ce trajet, je suis habitué à les côtoyer, après tout. Et c’est dans cette morne habitude que je me serais rendu au pied du chemin d’où elle arriverait elle même. Je peux sentir qu’elle s’y trouve encore. Je ne réfléchirais donc pas plus loin, m’installant à un banc, non loin, pour patienter de son arrivée. Distraitement, je jouais avec un petit morceau de papier. Qu’est-ce ? C’est cette enfant, qui me l’a donné. Elle m’a rattrapé, un peu après mon départ, pour me le glisser dans la main avant de filer. Je n’ai pas regardé ce que c’est, mais je m’en doute fortement. C’est un dessin, je pense. Un petit dessin fait à la va vite, ou un petit mot maladroit et bourré de faute. Connaissant l’enfant comme je la connaît, elle doit vouloir lui souhaiter bon courage par ce geste. Je ne vais pas m’en mêler ou me montrer trop curieux. Je ne suis que le messager, après tout...

Que vaut un dieu sans croyants ? Que vaut un croyant sans dieux à prier ? Que vaut une existence seule, finalement ? Si nous sommes la somme de ce qui à défini notre existence, serait-il exagéré de dire que nous sommes aussi la somme de ce que nous ont apporté ceux que notre route à croisé ? Un type sympa qui nous accorde un sourire encourageant à l’entrée d’un film d’épouvante n’est-il pas, à sa façon, aussi important qu’un type qui vient nous tendre la main juste après être tombé ? Personnellement, si l’ont suit la théorie la plus réaliste, un jour, des types en manque de justice et de force ont imaginé dans leur esprit un dieu d’une force capable de résoudre tous leurs soucis, et de leur accorder l’existence qu’ils estimaient mériter. Ou en sommes nous donc, dans la grande histoire de la création ? A partir de quand mon existence à t-elle précieusement vu le jour ? En combientième suis-je né dans le grand panthéon nordique ? Quoi qu’encore, beaucoup veulent croire que notre cas est différent et « unique », que nous sommes nés comme vous autres, humains, seulement bénis d’un monde différent et supérieur. Asgard, le monde des dieux. Simple monde parmi neuf. C’est un peu la question de l’œuf et de la poule, finalement… Et la seule chose qui soit certaine dans ma mémoire bimillénaire (au moins) c’est que je reste soumis aux croyances de mes fidèles. La seule réelle et immense différence entre les autres panthéons et nous autres, c’est que dès notre création, quelle qu’elle fut, nous savions déjà que nous n’étions destinés à rien d’autre qu’à mourir. Ce qui nous rends bien plus proche que beaucoup voudraient le penser des humains. Et que quoi qu’on puisse en dire ou en penser, Odin lui même n’a pas tant sacrifié pour rien. Bien que l’histoire du Fenrir me voue en sa personne une rancœur que je ne peux nier.

Au loin, un mouvement capte alors mon attention tandis que je tourne le regard vers la montagne pour voir une silhouette arriver. Une silhouette que je reconnais bel et bien sans aucune difficulté. De ce que je pouvais sentir d’ici… Elle semblait apaisée, au moins un peu. Elle n’a sans doutes fait que balayer la poussière sous le tapis, mais tant que ça lui permet de gérer les choses à son rythme, je n’aurais pas mon mot à dire. Je lèves alors mon regard vers le ciel, constatant que plus de temps que je ne l’aurais souhaité s’est écroulé, ce qui m’arrache un soupir bref, mais honnête. Ah, les femmes… hein ? Heureusement qu’elle n’est pas là, dans un coin de mon esprit, j’imagine. Quoi qu’il en soit, c’est d’un sourire bref mais sincère que je l’accueilles à mon humble niveau, elle et ses questions et commentaires. Ce à quoi je répondis globalement d’un léger haussement d’épaules. Comme pour lui mentionner qu’elle n’avait pas à s’en faire et que rien ne pouvait mériter de remerciements.

-Et bien, il serait encore temps de faire ces courses et de remonter mais le trajet risquerait de nous faire empiéter sur la nuit… Oui, y’a pas mal à faire. Alors …. Nous allons passer la nuit dans une petite auberge que je connais bien et nous nous occuperons de tout ça demain matin. Je gage que tu dois mourir de faim, de toute façon, après tout ça. Nous pourrons profiter de l’après midi à la convenance voulue.

Et c’est alors que sans réellement attendre de réponses de sa part, je lui accorde un signe de tête pour l’inviter à me suivre, entamant de marcher dans une direction. De là, une courte ballade dans les minces ruelles du village finiront par nous amener face à une demeure de bois, ambiance assez ancienne, en flanc de falaise. Je pousse la porte et me retrouve accueillis à distance par l’homme qui se trouvait derrière un comptoir. Celui-ci se retourne ensuite, pour appeler quelqu’un. Un quelqu’un qui s’avère être une vieille dame qui s’approchera à petits peutons feutrés, avant de se planter devant moi

« Tu as encore grandi, non ? »

Me lâche t-elle alors avec un sourire espiègle.

« Bon sang, à chaque fois que je te vois, tu semble si jeune alors que je me fais si vieille… Tu n’es pas qui tu es sans raison, mon cher. Allez, viens. Tu es ici chez toi, tu le sais... »

Elle remarque alors la jeune femme à mes côtés, et me lance un regard interrogateur. Je comprends que j’ai là enfin droit de parole et c’est avec un amusement certain que je m’en saisis finalement.

-Tu es toujours aussi radieuse, voyons. Je te présente Solveig, une guerrière à ma suite.

Au terme guerrière, la vieille femme semble rayonner, elle s’écarte alors, dévoilant à la dite guerrière son apparence menue mais encore fort coquette et mesurée. Sans parler d’une aura… surprenante. Typiquement ce genre de petits vieux qui en ont sans aucun doute encore assez sous le coude pour être capable de gérer eux même leur propre établissement… peu en importe l’épreuve. avant de se présenter à l’intéressée.

« Bienvenue dans mon humble petite auberge, très chère. Mon nom est Hilde, et en tant que guerrière liée à Tyr, sachez que vous serez toujours la bienvenue ici. Il me faut simplement savoir pour ce soir si partager votre chambre avec Tyr est dérangeant… Ou si une chambre simple ou possédant un lit double saurait vous convenir, histoire que je sache quoi vous préparer exactement. »

Son ton est sincère bien que son intonation sur la fin dévoilait une curiosité tout aussi honnête. A défaut d’un temple, ou d’un quelconque autre lieu de croyance, il semble claire que la tenancière sait exactement qui je suis, et que son dévouement, et pas seulement le sien, me sont voués ici. Son nom est d’ailleurs un indice suffisant. Si Solveig me lance un regard, je me serais contenté d’hausser doucement, lui laissant le plein choix quant à son désir pour la soirée. Elle reprends alors la parole, tout en nous escortant…

« Vous avez du être surprise en apprenant sa véritable nature… Moi même, alors que je le priais, je ne m’attendais pas à le voir frapper en personne à ma porte un matin en me demandant des informations sur cette montagne… Quand il est devenu clair qu’il restait encore jeune tandis que nous vieillissions, nous avons décidés de créer cet endroit pour accueillir ceux qui souhaitaient se mettrent à son service et l’aider dans toutes sortes de menu-tâches. S’il peut se contenter de s’occuper que de son flanc de montagne, c’est bien car maintenant nous prenons en charge en son nom l’autre côté de celle-ci. »

conclut-elle non sans une pointe de fierté, tandis qu’elle tournait à droite, puis à gauche au fil des couloirs, jusqu’à arriver devant une pièce qu’elle ouvrit, nous laissant entrevoir une grande tablée ou elle nous invita à nous installer, nous informant qu’elle allait faire venir la nourriture en plus de faire apprêter nos « appartements » pour la durée du séjour. Peu importe la réponse de la jeune femme, quant à la chambre, elle se sera contenté d’un léger « hmm-hm » amusé ou satisfait selon un cas ou l’autre. Je pris alors place sur le fauteuil en bout de table qui semblait taillé pour ma propre personne, car jusqu’aux accoudoirs étaient parfaitement mesurés, tandis qu’elle put prendre place ou elle le souhaitait autour de la grande table, si ce n’est à l’autre bout de celle-ci car aucune place adaptée ne s’y trouvait. En s’installant, elle se rendrait compte qu’elle prendrait place sur une sorte de fauteuil particulièrement confortable et deux personnes ne tardèrent en rien à venir apporter toutes sortes de plats, dans un buffet digne d’une royauté.

-Cet endroit me sert, entre autre, à accueillir d’autres dieux, en cas de besoin. Je n’ai jamais demandé un tel zèle mais… je n’ai pas vraiment eu d’autres choix que de l’accepter. J’entends.. je n’allais pas leur cogner dessus pour qu’ils se contentent de me serrer la pince, comme tout le monde. C’est principalement à eux que je dois l’endurance et la force que je possède présentement, de toute façon, donc je n’ai pas vraiment à m’en plaindre non plus…

Il semble clair que j’aurais préféré que tout ceci demeure bien moins ostentatoire mais… que voulez vous. On à pas toujours ce qu’on veut, dans la vie. Même lorsqu’on est un dieu. Je pris alors soin de commencer mon repas paisiblement, pour l’affaire.

J’assistais donc moi même aux échanges entre les deux femmes avec un certain amusement. Comme je connaissais Hilde, il est certain qu’elle allait nous préparer une belle chambre avec un lit double. Peut être même un petit attirail pour nous pousser à aller plus loin. C’est que la vieille bique à de la suite dans les idées et me voir débarquer accompagné d’une femme doit sans aucun doute lui réchauffer le cœur. Surtout après ces siècles d’isolation avec pour seuls contacts ceux de ce gens qui ont appris à me respecter et oui, d’une certaine façon, à m’aimer à leur manière. Ils croient sincèrement en moi et si je ne peux que tomber d’accord avec eux sur un point, c’est bel et bien que j’ai de la chance de les avoir. Même s’ils ne sont pas guerriers, ils sont bons et justes. En ce point cependant, elle pourrait posséder plus de valeur qu’eux, en tant que guerrière. C’est bien pour cette raison que je l’ai présentée ainsi. Et Hilde m’a parfaitement compris sur ce point. Je reste un dieu guerrier. Une vie pour le Walhalla à bien plus de valeur pour moi qu’une vie pour Hel. Je capte que l’idée que je sois venu frapper à la porte d’Hilde à sembler troubler une seconde Solveig, je lui explique donc :

-Annoncer vouloir prendre cette montagne sous ma protection à un non-fidèle aurait sans doutes crée un grabuge malvenu. Sa présence est une des raisons ayant amené mon choix, d’ailleurs.

Rien de bien surprenant en soi de ce point de vue, pour l’affaire. En tout cas, le commentaire de Solveig sur la chance que j’avais à la compter comme fidèle revitalisa la vieille femme comme jamais, la rendant toute pimpante et rayonnante, comme si elle venait de gorger une vieille fierté laissée dans un coin, fripée par les années, pour y jeter un bon gros coup de baume sur le cœur. Rien de bien surprenant. Je montre ma reconnaissance en continuant de compter sur elle et en complimentant ses efforts, mais ce n’est pas pour autant que l’entendre dire d’une guerrière liée, même si ce n’est pas encore réellement le cas, n’a pas pour effet de lui apporter cette fierté, bien au contraire. Être reconnue fait toujours plaisir. Nous primes en tout cas place, et acceuillèrent les plats avec plaisir. Un plaisir que la jeune femme eut du mal à dissimuler. Bien au contraire, elle goûta à tout et se laissa tenter en tout et pour tout. Une scène qui ne pouvait que me satisfaire, alors que je remplissais mon propre estomac avec un plaisir mesuré, comme à mon habitude.

-Je leur offre l’amour et l’attention d’un dieu. Il est donc naturel qu’ils le rendent… Te diraient nombre des miens.

Je soupire lentement à cette idée, Las.

-Cependant, je ne fais que leur offrir la justice et la possibilité de croire en cette même justice. L’un des concepts les plus abstraits mais aussi les plus complexe de votre existence. Aider à réparer le toit de quelqu’un qui ne peut le faire lui même est un acte de bonté, mais aussi de justice. Il est juste qu’il puisse se loger aussi confortablement que les autres. Lorsqu’un souci survient, une justice équitable permet de limiter les écarts. Ce qui limite donc les soucis. A partir de là, les gens ne peuvent que croire et apprécier ce qui leur est offert, car tout effort mérite une récompense aussi juste qu’à sa mesure.

J’attrape de là quelques bouchées, avant de reprendre, paisiblement.

-De fait, lorsqu’on vit dans un monde comme celui-ci, ou la justice n’en à que le nom, voir un être arriver pour rectifier le tir ne peut que créer des croyants aimants. Crois bien que je n’en demandais pas tant, ça à plus tendance à me tirer de ma paix souhaitée qu’à m’y plonger. Je ne fais qu’accomplir ce pour quoi j’ai été crée, finalement. Pour le reste, ne t’inquiète pas trop, si Hilde avait appris que je suis passé en ville, accompagné de surcroît, sans passer la saluer au moins… Je gage que j’aurais eu prochainement droit à une visite particulièrement désagréable à mon propre seuil alors… C’est de toute façon très bien ainsi. Et puis, si tu te régales, c’est doublement parfait. Attends de voir la suite, d’ailleurs.

Conclus-je, mutin. Et une fois les desserts apportés (on sera venu nous demander ce qui nous donnait envie durant le repas), Hilde revint nous annoncer que la chambre est prête, et que nous y trouverons tout le nécessaire pour notre après midi et soirée ici… Et qu’il suffirait de lui demander si un maillot de bain est nécessaire pour accéder aux « sources ». Face au regard de Solveig, elle enorgueillit donc à nouveau, avant de vanter leur excellente source thermale en flanc de falaise. N’ayant qu’un bain, celui-ci est mixte, mais elle peut le faire réserver par sexe au besoin, elle ne refuserait pas ça à une guerrière liée à Tyr. Mais elle ne put que glisser, mutine :

« Cela dit, vu que vous êtes partis pour dormir ensemble, je me doute que ce ne doit être là qu’un menu détail pour vous... »

Le tout avec une espièglerie digne d’un enfant, avant de sortir avec un rire sonore de vieille sorcière qui m’arracha un ricanement bref.

-Elle était… Impétueuse, plus jeune. Une véritable furie. Elle à transformé cette fougue en malice, à ce que je constate…

Son commentaire me pris légèrement de court. Loki, ou même Thor auraient pu répondre quelque chose comme « C’est normal, il n’y à que moi qui me ressemble », le tout avec un de ces sourires enjoleur dont ils ont une maîtrise parfaite, mais en ce qui me concerne, je ne pouvais qu’accepter le compliment humblement. Je lui aurais alors accordé un sourire bref, mais sincère. Après tout, inutile d’en faire des caisses. Les belles choses n’ont de valeur que par ce qu’elles existent, après tout. Une partie de ma mémoire me revint, mettant en première vue une conversation avec Arthur Pendragon, a cette même table. Oui, son Arthur. Celui qu’elle admirait tant, alors qu’il tentait de me convaincre de le rejoindre, une des premières fois. Je lui ai tenu ce même discourt, presque mot pour mot, sur la justice et les bienfaits de ma petite vie ici même. Et croyez le ou non, mais il m’a posé plus ou moins la même question que Solveig. Pourquoi m’en contenter ? Pourquoi ne pas me battre pour récupérer mon dû ? Elle ne l’a sans doutes pas remarqué, car dans la tenue actuelle d’Hilde, cela dépasse à peine, mais la vieille femme aborde une blessure profonde, au niveau de son buste, remontant jusqu’à la base de sa gorge et qui descend jusqu’à la base de sa féminité. Une blessure profonde et honnête, le genre qui aurait pu ou du lui ôter la vie. Et c’est justement le jour ou j’ai accepté la proposition d’Arthur que c’est arrivé. Qu’elle à subi cette blessure et qu’Arthur à fini à moitié estropié, condamné à marcher en s’aidant d’une canne. Mon regard se sera sans doutes perdu dans le vague, au fil de ces pensées. Et ce n’est quand le constatant que je me souvins qu’elle attendait une réponse. Je sais qu’elle ne parles pas pour l’Ordo, cette fois. Sa question est sincère et je dirais même mieux, cette fois, la réponse l’intéresse sincèrement. Je vais donc là lui offrir. Mais pas tout de suite. Un sourire triste se dessine alors sur mes lippes, mais disparaît bien vite alors qu’elle semble tant se régaler du dessert. Je chasse toutes ces funestes pensées de mon esprit, l’observant simplement, levant innocemment les mains lorsqu’elle me parles de ne pas la juger. Au contraire. Elle qui m’est apparue comme une guerrière, fière dure et farouche, je découvre que malgré toutes ses protestations, elle demeure belle et bien humaine. Une femme aussi belle qu’emplie de mystères à découvrir. Oui. Comment choisir de sacrifier, pleinement et sciemment, de telles existences dans un combat perdu d’avance ? Une fois son dessert englouti, elle disparaît, aussi éphémère qu’agréable, me laissant dans un silence pouvant sembler sordide. Ce n’est qu’après plusieurs minutes qu’Hilde apparaitra, me confiant lui avoir offert un Bikini, le tout dans une petite suite de remontrances… qu’elle coupa bien vite, approchant pour venir poser une main sur mon épaule tandis que des larmes continuaient de couler le long de mes joues. Des larmes de peine autant que de haine. Bien sûr, que j’aimerais pouvoir réparer toutes ces injustices. Bien sûr que j’aimerais combattre jusqu’à en crever… Mais comment le pourrais-je ? C’est à ce moment là de mes pensées, comme si elle pouvait encore les lire, qu’elle pris la parole.

« Je n’ai pas oublié, tu sais ? La promesse que tu as faite sur mon corps que tu croyais sans vie. Il m’aura fallu un moment pour m’en souvenir.. mais je m’en souviens, maintenant. Tu as juré que tu brûlerais ce monde, si c’était nécessaire à lui apporter la justice. Cela remonte à bien longtemps maintenant, et tu t’entête à te cloîtrer dans ta petite cabane, au fin fond de ta montagne. Je pense pouvoir parler en notre nom à tous, tu sais ? Et même lorsque je te dis, comme présentement, que tu pourrais partir le brûler pour nous, quitte à nous faire brûler au passage. Nous croyons tous en toi, et la force de ma croyance d’aujourd’hui est bien supérieure à la profondeur de mon amour d’antan. Tu crains tellement de faire des ravages innommables, ou que l’on te coupe l’herbe sous le pied à nouveau que tu luttes contre ta propre nature. Et c’est INJUSTE, TYR. J’espère qu’elle saura trouver les mots qui me manquent. J’espère qu’elle saura te convaincre de faire ce qui doit l’être, en ton nom comme en celui de tous tes fidèles. Tu t’en feras d’autre. Tu es brave et fort. Tu en trouveras toujours de nouveaux, les gens te suivront, et tu pourrais même en venir à dominer ce monde. Alors… Ne le partage pas avec des imbéciles. Fais ce qui doit être fait, peu en importe le prix. Voilà à quel point moi, Hilde Thyra, croit en toi. Alors maintenant file. Ne la fait pas attendre et débarbouille toi le visage, avant que Fenrir ne se moque de toi. »

J’avais accepté le tout sans broncher. Oui, je ne le savais déjà. Mais non, elle n’avait jamais pris la peine de me redire tout ça depuis bien trop longtemps. Elle à même pris la peine d’en rajouter des caisses et des caisses… Foutue femme. Je me redresse alors, accordant un baiser sur l’une de ses joues fripées, ce qu’elle semble accepter comme un du, avant de me chasser d’une tape sur le cul mutine. Ce que j’accepte en ricanant, avant de disparaître pour obéïr à sa dernière directive. J’ai bien compris le message caché. « Dis lui tout. Sois honnête… et vois ce qu’elle aura à t’en dire. » En partant, cependant, je lui aurais vendu la mèche, amusé. Sur le souhait d’être adoptée. Ce qui arrachera un rire honnête à Hilde. Ce n’est qu’après avoir pris la peine de me rincer la face que j’aurais pris la route vers les bains, nu comme un ver. On ne peut pas dire que le pudisme soit un argument divin. D’ailleurs, je suis arrivé juste à temps pour la voir rentrer dans l’eau, elle et ses courbes délicieuses. J’aurais alors pris soin d’avancer, venant m’installer dans l’eau avant qu’elle ne puisse réellement se faire une idée de mon état vestimentaire. Et c’est de là que j’aurais pris la parole, le regard viré vers le ciel. D’ailleurs, le bord du bain faisant face à la falaise est en verre, ce qui donne une vue magnifique sur le contrebas, au travers de le fumée. Je me serais placé de façon à pouvoir poser un de mes bras sur la dite barrière en verre, la fumée me dissimulant tandis que mon regard pourrait aller se perdre dans le vide à l’envie.

-Tu ne trouvera aucune télévision, ici. Car c’est par ce biais que « Média » à attaqué ce même bâtiment, un jour. Tu ne l’as pas remarqué, mais les murs extérieur dissimulent des créations naines, protectrices, suite à cette même journée. Lorsque ton Arthur est venu réclamer mon aide, la première fois, il à été suivi. Ou en tout cas, on à bien voulu nous faire comprendre que jamais notre alliance devait voir le jour. Ce jour là, dix de mes fidèles sont morts sans que je ne puisse rien faire pour les protéger. Hilde elle même à failli y donner sa vie. Tu te demandes pourquoi elle joue les entremetteuses ? C’est car elle sait mieux que personne à quelle date exactement j’ai décidé que plus aucun innocent ne donnerait sa vie simplement pour avoir choisi de croire en moi. Cette guerre ravagerait ceux qui croient en nous bien avant la plupart d’entre nous. Ils sont partout, et savent quelles sont nos faiblesses et nos forces. Je suis muselé à la vie de mes fidèles. Et ce sont eux qui me donnent ma force. Dit toi que c’est suite à cette même attaque que votre « leader » si charismatique à été condamné à boiter. Il à tué Média, ce jour là. Mais combien d’abrutis croient en cette entité ? Ont crées cette entité ? Il n’a pas fallu longtemps pour qu’elle revienne. Et si tu penses qu’ils ont une quelconque pitié envers ceux qui leur barrent la route… sache que c’est faux. Ils ont commis bien des massacres et des horreurs pour parvenir à garder ce qu’ils possèdent : Le monopole. Certains n’ont eu de choix que de les rejoindre, et beaucoup tentent de survivre comme ils le peuvent. Ce n’est pas une guerre, plus depuis longtemps. Et comme tu le sais sans doutes, nombre des miens ne se soucient pas plus de vous que d’eux, tant qu’ils peuvent obtenir ce qu’ils souhaitent. Odin lui même fait partie de ceux-ci.

Qu’ajouter ? Le silence se fit, honnête. Mon but n’était pas de plomber l’ambiance, mais bel et bien de répondre le plus honnêtement à sa question. Car à mes yeux, maintenant, oui… Elle le mérite pleinement. Prendrait-elle conscience de cet état de fait ? Je l’ignore...

Elle m’écoute donc, m’accordant par ce fait d’autres attentions alors qu’elle ne rechigne en rien à venir près de moi pour tenter de m’apporter un peu de réconfort. Si d’autres, là encore, auraient tenté d’obtenir plus que les attentions souhaitées par la jeune femme, ou encore, se seraient rebellés contre cette douceur, blessés dans leur fierté, j’en comprends pour ma part tout le sens et la profondeur. Ce sont des marques d’une affection, sans doutes maladroite, mais belle et bien existante. Pourquoi ai-je voulu conquérir son cœur de croyante ? Par fierté ? Par intérêt ? Je ne saurais même plus répondre à cette question. Il semble cependant qu’Hilde et elle pourraient bel et bien se voir apparentées. Lorsque je termine mon monologue, laissant place au sien, je retrouve dans ses mots des idées communes à celle de la vieille femme. Il est vrai que la promesse de ces nouveaux dieux ne vaut rien. Ils l’ont déjà démontré plus d’une fois lors de situations ou j’ai décidé de fermer les yeux pour le bien de ceux qui croient encore en moi. Mes cheveux recoiffés, elle laisse donc ses mains glisser contre mes épaules, ma nuque, ce qui m’aide effectivement à me détendre. Elle se rendra vite compte que je ne me laisse sans doutes pas approcher ainsi très souvent, car niveau tensions… oui, disons le comme c’est, je demeure sous tension depuis de bien nombreuses années, maintenant. Au bout d’un moment, un soupir profond traverse mes lèvres, alors que je cède, un sourire imperceptible sur mes lippes….Mais je ne prends pas encore la parole. Non, je ne la coupe en rien car j’accorde au moins autant d’importance à sa propre histoire qu’à celle que je viens de lui présenter. Je l’écoute donc. Oui, Lucifer. Je l’ai en effet senti. Chasser son emprise ne sera pas simple mais je devrais effectivement m’en montrer capable, sous certaines conditions. J’ai eu aussi le loisir de constater de la recrudescence des monstres sur mes terres. Je ne sais que trop bien que ce combat aussi doit être mené. Et que les nouveaux dieux ne sont pas la seule réelle menace en ce monde. Son dialogue me soulève une question : Pourquoi chasser ses parents et tenter de l’attraper ? Il doit y avoir une raison. On ne pourchasse pas un être au point de lui accorder une partie de sa conscience simplement car on veut ravager son corps à coups de griffes. Il y à une raison plus importante, plus grande. Et je me promet mentalement d’obtenir le fin mot de cette histoire. Je ne le relèverai pas maintenant, mais une promesse, même personnelle, accordée par le dieu de la justice se doit d’être respectée. J’engrange donc chacune de ses paroles dans mon esprit, bien profondément.

-Une jeune femme est parvenue à le repousser, dis-tu ? Voilà une nouvelle qui pourrait se montrer utile, un jour. Je te questionnerais sans doutes à son sujet, un jour.

Si j’avais décidé de ne pas relever cette question, je le fais pourtant. Ses dernières paroles m’en convainquant. Hors de question que je la laisse songer à devoir combattre tout ceci seule. Je tâche alors de me retourner vers elle, les jambes croisées pour ne pas trop déranger sa position. Je ne serais pas non plus sorti de l’eau pour autant, les croisant avant de me retourner en me soulevant de mes mains et poings pour pouvoir venir planter mon regard dans le sien.

-Je te promets, Solveig, fille de Jakob, que nous trouverons les réponses à cette question. Que nous découvrirons pour quelles raisons il te hante. Et bien que je ne te le demande pas non plus, ou que je ne te force à rien… Je te promets aussi… Que j’accomplirais quelque chose de suffisant pour que tu puisse avouer fièrement croire en moi. Et que ce jour là, je te libérerais de son emprise. Ne te précipite pas, cependant. Et avance à ton rythme. Cette voie sera dangereuse et semée d’embûches… Car…

Je soupire doucement, avant de fermer les yeux quelques instants, un sourire léger sur mes lèvres.

-Non loin...Décidément, je me demande si cette vieille bique n’est pas en réalité une parente éloignée au moins. Pas plus tôt qu’il y à une dizaine de minutes… elle m’a tenu un discours assez similaire. Sur l’importance de ce combat, sur mon devoir de le mener. Sur la justice et le fait qu’ils me suivraient sans rechigner malgré le danger. A quoi je ressemble, moi… A placer ma crainte devant mon rôle et vos désirs… ?

Quel idiot. Les choses m’apparaissent maintenant clairement. Oui, moi Tyr.. J’ai fait montre de faiblesse et de crainte. Dans ma soi disant sagesse tant louée. Il est hors de question que je m’y cloître, cependant.

-Changement de programme. Demain, nous ne retournerons pas à la montagne. Et pas plus tard que ce soir, je tâcherais de me préparer afin d’être prêt pour les combats à venir. Voudras-tu, Solveig, te tenir aux côtés d’Hilde, en tant que témoin pour ces mêmes préparatifs ?

Je me cloître là au silence, le regard profondément ancré dans le sien. Il aura fallu deux femmes pour m’ouvrir les yeux. Quel piètre dieu.

Je l'observe, alors qu'elle m'expose ses doutes et sa vulnérabilité. Alors qu’elle me présente fébrilement tout ce qui se trouve au plus profond de son cœur et de son être. Oui. Je la vois sans doutes bien mieux qu’elle ne se voit. Paisiblement, je relève une main pour venir l’apposer sous son menton, effleurant sa peau de mes doigts, certifiant qu’ainsi, elle ne pourrait pas détourner le regard, tandis que moi, Tyr, un dieu, je la regarde droit dans les yeux. Je lui accorde un sourire bref, au travers de sa boutade. Tentative veine de dissimuler sa gêne, tandis que je lui offre un signe parfaitement négatif.

-Lorsque tu es arrivée chez moi, tu doutais même d’être encore humaine. Et pourtant… je t’ai vue apprécier sincèrement un bon repas après une attente interminable dans le froid. Je t’ai vue apprécier le contact d’un autre être. Je t’ai vue engloutir un de ces petits déjeuners que tu n’avais pourtant dédaigné depuis si longtemps. Je t’ai vue faire face à un dieu en le défiant sur son terrain et je t’ai vue encaisser des nouvelles horribles qui auraient pu briser ton esprit. Pourtant, tu es là. Tu as fait face à Hilde, apprécié sa compagnie. Tu as apprécié le contact de l’eau chaude à tel point que je suis presque prêt à parier que tu es parvenue à te sortir de l’esprit toutes les horreurs qui l’habitent habituellement. Je t’ai vu écouter et même avoir l’audace d’essayer de réconforter un dieu. Tu n’es pas rien. Tu es une humaine. Une croyante fidèle et une guerrière qui mérite le respect. Crois tu que j’aurais pris la peine de voir tout ceci, si tu ne méritais rien de plus que le mal qui t’a été imposé ?

Hilde fit son apparition. AH, oui… J’avais oublié ce détail, c’est pourtant moi qui lui avais demandé de l’apporter. Le petit bout de papier que la petite fille m’avait confié pour Solveig, en la voyant si abattue. D’un signe, je demande donc à Hilde de le transmettre à Solveig, avant qu’elle ne se retire.

-Je n’ai pas pris la peine d’en regarder le contenu, car je sais très bien que cela ne me concernait en rien. Mais lorsqu’elle t’a vue partir, si triste, elle qui avait pris la peine de descendre pour t’offrir quelques fleurs, elle m’a demandé de te transmettre ceci. Crois-tu que cela aurait été le cas, si tu ne le méritais pas ? Crois tu que je serais là, à écouter tes paroles et à décider de me battre, si ce n’était pas car je t’accorde moi même une certaine importance ? C’est toi, après tout, qui est venu me demander de rejoindre votre guerre. D’ailleurs, je ne rejoindrais pas l’Ordo Luminis. S’il veulent manier les foules pour faire leur affaire, qu’ils le fassent. Je collaborerais, mais je ne me battrais pas en leur nom. C’est là ma seule condition.

À nouveau, un silence. Mon regard n’avait pas quitté le sien, alors même qu’elle ouvrait la petite lettre pour en voir le contenu. Un dessin ? Des mots doux d’encouragements ? Peut être les deux ? Qu’en sais-je.

-Comment ne pas vouloir apporter la justice à un tel sourire.

Conclus-je simplement. Avant de retirer ma main de sa joue. Elle avait migré là, alors qu’elle avisait la lettre. Et maintenant, elle vint simplement dans l’eau, se reposant sur l’une de mes jambes, comme mon autre main à son opposé. J’hochai la tête à sa réponse quant à l’idée de se tenir à mes côtés. Parfait. Le reste viendrait en temps et en heure. Sa dernière question, elle, me fit hausser les épaules, tandis que je réfléchissais à la réponse la plus honnête possible.

-Je vais affermir les préparatifs, puis nous déciderons d’un chemin à prendre. Toi et moi. S’il te fallait une autre preuve de ton importance.

Bien. Je préfère largement la voir ainsi. Très largement, même. Je ne peux retenir un sourire amusé face à sa réaction à l’arrivée d’Hilde. Elle non plus, d’ailleurs. Mais nous passons bien assez rapidement outre. Je lui laisse donc le soin de découvrir le contenu du petit papier, et lorsqu’elle me le montre, je souffle un rire léger mais franc. Maître en matière d’observation, mon regard glisse doucement vers sa poitrine, face à sa demande de comparaison. Personne ne devrait me juger trop durement d’en arriver à la prendre au premier degrés, n’est-ce pas ? Après un court instant d’observation, je remonte une de mes mains dans ma barbe, entamant de la lisser songeusement avec un petit sourire torve, l’air de sembler indécis, bien que mon sourire ne soit là que pour en démontrer la « boutade ». Et le plaisir de l’observation proposée, aussi. Comme attendu, elle réagit assez vivement à cette image, ce qui ne put que me faire rire à nouveau tandis que je me penchais, accentuant notre proximité pour le positionner assez loin de l’eau, afin que même des éclaboussures ne puissent pas venir le gâter. Je reprends alors place paisiblement, n’ayant pas réellement poussé mon analyse de mes gestes assez loin pour me dire que me rapprocher autant pourrait s’avérer gênant pour elle. Ce n’est pas bien grave, de toutes façon. Et je dis ça… il semble qu’elle n’ai pas attendu très longtemps pour se rapprocher, consciemment ou non, assez près pour ne plus sembler « loin ». Comme si Hilde n’était jamais venue. D’ailleurs, c’est moi ou elle s’est rapprochée un peu plus encore ?

-Elle m’a vu en colère, une fois. Je pense que cette image lui vient de ce jour là. A moins qu’elle ne m’ai vu ainsi, lorsqu’elle m’a croisé. Ou qu’elle ai voulu en retranscrire l’image pour toi… qui sait ? J’aurais tendance à penser à cette ultime solution. Te montrer mon inquiétude que je n’ai su dissimuler.

Je soupire. Foutus gosses beaucoup trop honnêtes. Mais je chasse vite cette pensée, haussant doucement, avant d’hocher lentement quand elle mentionne espérer se montrer digne de mes mots. Lentement, une de mes mains effleure alors certaines des cicatrices sur son corps, sans aller jusqu’à forcer un contact trop intime. Comme si ce geste pouvait la rassurer. Je ne montre aucun doute. Et elle pourra sans mal le sentir. J’hoche alors à nouveau lorsqu’elle mentionne que ma décision quant à l’Ordo lui convient. Signe évident que pour le coup, elle n’est plus ici en tant qu’émissaire de son groupe. Très bien.

-Au contraire, je prévois de dévoiler mes cartes honnêtement. La cérémonie de ce soir aura pour but principal d’appeler les oracles, et d’obtenir leur bénédiction. Elle me permettra aussi de préparer le retour de Tiwaz, ma lance. Oui, ceux l’ayant forgée n’ont pas été très inspirés, mais au même titre que Gungnir, elle est particulièrement puissante. Capable même de pourfendre un dieu, qu’il soit ancien ou nouveau. Je l’ai scellée il y à longtemps, et le jour ou je la ferais revenir… ils ne pourront pas la louper. C’est bien pour cela que je vais me contenter d’en ôter le sceau.

Je lui accorde un sourire rassurant.

-Ce sera sans doutes un peu impressionnant, mais rassure toi, rien de dangereux ne devrait se produire en soi. Et dans le pire des cas, je compte sur toi pour couvrir nos arrières, à Hilde et moi. Vu que ce sera là ta première affectation officielle à ma suite, tu seras en droit de me réclamer une récompense. Choisis la bien, car toutes les occasions n’en offriront pas forcément d’aussi claires. Pour l’instant.. tu peux rester là encore un peu, si tu le souhaites. Je vais devoir en passer par quelques préparatifs.

Marquais-je d’un sourire mutin, avant de me redresser. Toujours nu, bien que sans y accorder grande importance, je me dirigeais alors vers la sortie des bains, avant, là bas, de me sécher simplement. Hilde apparut alors, une certaine tenue dans les mains. Une vieille armure, en réalité. Que je revêtis sans me faire prier. De là, j’aurais troqué ma prothèse contre une autre, armée d’un de nos anciens boucliers ronds traditionnels, alors qu’une lame pendait fièrement à ma ceinture. Une très vieille tenue, mais toujours d’une beauté sans égale. De là, je me rendis dans une grande pièce sombre, ou Hilde avait déjà accordé les préparatifs nécessaire. Ce n’est qu’une heure plus tard que j’en sortis. La demeure possède un grand jardin, donnant lui aussi sur le vide. Et c’est au moment ou tout le personnel présent s’était rassemblé, y compris Solveig, que j’entrais dans le dit jardin, ainsi harnaché. J’approchais alors d’un feu qui avait été allumé, et dont un grand morceau de bois semblait s’écarter en direction de l’étoile polaire. Au moment ou j’arrivais près des flammes, m’affaissant pour attraper une petite sacoche de cuir, Hilde tira Solveig derrière moi, venant la faire s’installer, assise juste derrière moi, un peu sur la gauche, tandis que la plus âgée pris la place à droite. Un discourt en vieux norrois glissa alors de mes lèvres, Hilde seule comprenant, bien qu’elle murmurais la traduction à Solveig.

-Moi, Týr, Tyr, Teiws, Ziu, Tīw, Tīg,  Tiwaz, frère d’Odin et dieu du ciel, de la justice, des guerres justes, de la victoire, du serment et de l'ordre réclame la bénédiction ainsi que la sentence qui est due à tout guerrier s’apprêtant à partir en guerre. Au sein de ce court comité se trouvent ceux qui semblent prêts à donner leur vie en mon nom. Les premiers d’une très longue rangée de guerriers, de fidèles et d’héritiers. Je réclame, ici et maintenant, le descellement de Tiwaz, et du pouvoir qui lui est dû et j’ordonne une réponse, que vous le souhaitiez ou non. Car cette guerre et juste, et que je compte bien la mener… Dussais-je brûler ce monde pour la remporter !

La seule réponse que j’obtins me vint d’un éclair, directement issu de l’étoile polaire. Un spectacle un peu trop précis, quand on sait que Tiwaz, ma propre rune, l’honore. Et c’est en accompagnant cette foudre que je laissais mes propres runes, issues de la petite pochette de cuir. Cérémonieusement, je m’approchais alors, me penchant, avant de les aviser. J’étais légèrement de côté, Hilde et Solveig pouvaient donc profiter pleinement de ce spectacle et si un sourire amusé se dessinait sur mes lèvres, Hilde, elle, semblait prendre dix ans en l’espace d’un instant. Cependant, d’un regard, je lui fis jurer de garder le silence. Ce à quoi elle se rangea. Mais elle continua la traduction un ton plus bas.

-Il semblerait que le vieu dieu que je suis ait encore quelque chose à accomplir en ce monde ! Festoyons, mes amis, car demain… Le sang commencera à couler !

Et de là, comme si tout le monde avait compris la fin, tout le monde s’activa autour du petit banquet qui avait été rassemblé un peu plus loin dans le jardin. Pour ma part, je vins retirer ma prothèse, allégeant mon bras, avant de retirer mon Heaume, les confiant tous deux à Hilde avant de sourire à Solveig.

-Plus de cabane pour le moment… Je dois bien admettre qu’elle me manquera, cette vieille bicoque.

Hilde, avant de partir, glissa simplement :

« Si tu n’y reviens pas, à la fin de cette guerre.. Je te promet de te maudire, et même le Walhalla ne t’en protégera pas ! »

L’air de rien, le ton parfaitement amusé et taquin. Ce qui accentua mon sourire.

-Toute cette cérémonie… ç’en est déjà fatiguant. Mais c’est là la coutume. Quoi qu’un peu modifiée, depuis mon époque. Simplifiée, dirais-je. Et aucun des miens ne pourra ignorer ce qui s'est passé aujourd'hui.

Dans un de ces soupirs las, On peut remercier l’absence de fanatisme de ces humains. Je décrochais alors la corne à boire, à ma ceinture, avant de venir la remplir entièrement d’hydromel de ma main valide. J’observe alors Solveig, attendant ses impressions et avisant de son état moral.

Je me doute qu’elle doit se sentir un peu perdue, au fil de cette soirée, mais je la laisse sans rechigner l’accepter telle qu’elle le souhaite. Après tout, je n’ai pas à intervenir de façon trop implicite, j’imagine. Paisible, je finis par descendre une bière avec au moins chaque personne présentes, gardant de fait Hilde et Solveig pour la fin. Hilde se fit d’ailleurs un plaisir à se descendre une pinte aussi conséquente que la mienne, le tout dans un rire honnête. Pourquoi je n’avais pas pris mon arme plus tôt, pas vrai ? Je n’ai pas réellement eu besoin de répondre à cette question. J’entends, je l’ai comparée à Gungnir, l’une des armes les plus puissantes de notre panthéon. Une arme d’une telle force laisse forcément sa trace en ce monde et certains pourraient le prendre comme un acte de guerre. Je la sais assez intelligente pour le comprendre. Pour comprendre pourquoi je n’ai de fait que la desceller, finalement ; Ce qui nous attends va me demander un nombre effroyable de préparatifs et ils sont loin de s’accomplir seuls. Enfin, si choses à accomplir étaient capable de se mouvoir sur de petites pattes pour qu’on puisse les accomplir sans avoir à leur courir après, je gage que ce serait sans doutes un gage de facilité. Mais toute récompense facile à obtenir ne possède en elle-même que très peu de valeur, finalement. Ce n’est qu’au travers des actes accomplis à la sueur de notre front que nous nous tirons grandis et supérieurs des épreuves que nous traversons. Si l’Humanité à toujours eu besoin de dieux de guerre, c’est que ces guerres étaient nécessaires. Tellement que c’est au travers d’elles qu’ils évoluent le plus. Que ce soit en terme de personne ou de groupe. Voyager sans trop me faire remarquer risque de s’avérer difficile, aussi. Ce n’est pas comme si les ennemis ayant des capacités de géolocalisation plus ou moins poussées trainaient un peu partout.. Ah si, justement. En fait, il suffirait que je passes à côté de quelqu’un en train de prendre une photo, même un selfie, et que celle-ci se retrouves sur internet pour que mes ennemis le découvrent instantanément et n'en viennent à se demander ce que je pourrais bien accomplir à errer ainsi après tant de temps sur ma montagne. Je pourrais toujours en venir à prétexter que je vais rendre visite à certains des miens, mais je doute que cela se présente être une excuse suffisante.

Dans tous les cas, je me retrouve là, glissant une pinte dans les pattes de Solveilg avant de venir trinquer avec elle, amusé. Une fois ceci fait, on m’aura attrapé pour entamer une série de chansons paillardes en vieu norrois que Solveil aura eu à nouveau l’occasion de comprendre, car Hilde aura continuée ses traduction avec amusement. Et c’est ainsi, plusieurs heures comme ça, dans une cérémonie qui ressemblait plus, le temps passant, à des adieux, chose normale, dans la mesure ou ils s’attendaient tous à devoir donner leur vie pour ce combat, à un moment ou un autre, que la soirée finit par se terminer, et que je fus conduit, avec Solveig, jusqu’à la chambre qui était notre. A nouveau, un rire honnête traversa mes lippes alors que je constatait qu’elle avait véritablement choisi une chambre avec un simple lit double. Je me tourne alors vers Solveig, lui accordant un léger sourire pour lancer

-Tu crois qu’elle avait quelque chose en tête en décidant cette configuration, pour nous ?

Mais je me reprends assez rapidement, balayant l’air d’un mouvement de la main.

-J’ai cru remarquer que ma proximité te gênait, dans le bain. Souhaites-tu que je te laisse profiter du lit seule ?

Ma question était sérieuse, et l’alcool n’y semblait pour rien si ce n’est dans le fait d’accentuer un aveuglement honnête…

Je ris face au petit jeu d’Hilde. Trop vieille, elle ne perdait cependant pas de vue ce qui pouvait lui sembler essentiel. D’autant moins, sans doutes, maintenant, au vu de notre « secret ». Secret qu’en réalité, Solveig était l’une des seules, si ce n’est malheureusement la seule, à ne pas connaître. Pour ma part, je n’aurais pas décidé de lui cacher. C’est Hilde qui à fait ce choix. Estimant qu’elle n’aurait pas à le connaître, ou que ce n’est que ma tache de l’avouer. Elle à toujours été trop curieuse, et si c’est elle de base qui tirait les runes, il était évident qu’elle n’allait pas passer à côté d’un petit coup d’œil. Et comme je le pensais… Ma foi. Nos compréhensions de celles-ci ont été au moins semblables sur ce point. Quoi qu’il en soit, je ne vais pas torturer l’esprit de Solveig avec quelque chose qu’elle n'a peut être pas remarquée. Et si elle ne me pose pas la question par crainte d’un refus… Ma foi, c’est peut être mieux ainsi. Bien mieux, même. C’est donc paisible que je réponds à sa demande, une fois dans la chambre. Je me serais installé sur le lit avant de laisser glisser mes doigts sur le vêtement, en ôtant la fermeture jusqu’à l’ouvrir assez pour que le retirer ne soit plus qu’une modalité d’usage. Si je me serais éloigné ou que j’aurais détourné mon regard ? Non. Pourquoi le devrais-je, si elle va jusqu’à l’ôter devant moi, c’est bien qu’elle souhaites que je la regarde, non ? Soyons honnêtes de toute façon, je ne me serais pas lassé de la regarder même avec son corset. Quelque chose de beau s’observe, c’est là l’état naturel des choses.

-Je l’ignorais aussi, si toutefois ça peut te rassurer. Pour le reste, je gage que tu n’aurais pas besoin de boire pour accomplir ce que tu pourrais vouloir accomplir, de toutes façon. Et non, je ne ronfles pas. Pas toujours. Quand j’ai trop bu ou que je suis particulièrement éreinté.

Après un silence, je me montre un poil plus mutin, joueur.

-Enfin, je dis ça mais je te trouve plus… pudique, aujourd’hui. Comme si je ne t’avais jamais vue nue… ce qu’on sait tous les deux être faux. Tu es une très belle femme, d’ailleurs.

J’hausse un peu, l’air de rien, bien que sur le reste, l’air parfaitement joueur demeure. Je lui cède même un petit clin d’œil, juste histoire de l’appuyer. Je l’observe alors faire, sans rien ajouter. Préférant laisser son esprit s’égarer au milieu de tous ces mots et de tous ses non-dits. Oui, l’un des avantages à être un dieu, c’est que l’on peut parfaitement se satisfaire d’aussi peu. Inutile de chercher beaucoup plus loin quelque chose qui se trouve juste sous notre nez. Et puis, observer et porter le monde entier sur une ou deux paires d’yeux n’a rien de facile, bien au contraire. Alors autant profiter des choses lorsqu’elles se présentent et il s’avère que ce soit, c’est elle et elle seule qui se trouve à portée de mon regard. Même si cette histoire devait déraper, au moins sais-je que je ne suis pas comme Zeus, ou n’importe lequel de ces dieux quetards. Vivre pleinement n’est pas jouer avec autrui. De corps comme de cœur. C’est bien pour cela que je ne force aucun contact particulier, et que je laisse à la mortelle le plaisir de prendre ses propres décisions. Car c’est bien plus juste ainsi. Et qui mieux qu’un dieu de justice pour la faire régner ?

Là voici donc qui attaque un terrain pentu. Vous me direz, je l’ai taquinée en premier. Enfin, taquinée. Ma mutinerie n’en restait pas moins sincèrement curieuse, quelque part. Et sa réponse était fort éloquente en soi. Vous savez, lorsqu’on cultive la terre, on sait généralement deviner lorsqu’un fruit est parfaitement mur, assez pour se voir être cueilli. Ici… Elle ne joue plus de la même manière. L’autre soir, elle tentait de se monnayer pour me pousser à rejoindre la guerre de l’ordo à leur côté. Ici, elle se montre telle qu’elle est, au travers de ce qu’elle ressent. Le présent, la scène et l’offre ne sont absolument plus les mêmes. C’est donc avec un regard sincèrement attiré par la vue offerte que je l’observe ôter ses vêtements jusqu’à ce qu’elle demeure en porter l’ultime rempart. Et c’est avec un amusement non moins feint que je lui laisserais le soin de commencer à retirer mon armure, acceptant les divers angles disponibles vers son adorable poitrine. Oui… je n’ai pas réellement à me plaindre de ce traitement. Et je sais parfaitement quel en sera le coût. Une entité la désire et en la plaçant sous ma protection, je lui ai refusé ce droit. L’amitié d’Arthur et les sentiments de cette guerrière m’étant autrement plus importants que la colère d’une quelconque entité, fusse t-elle « dieu » lui-même. Paisible, donc, je l’aide un minimum à défaire les diverses sangles en les lui indiquant au moins, parfois cachées sous les couches de cuir et de maille. Je l’écoute bien entendu, et garde un sourire amusé face à toutes ces paroles. Une fois l’armure retirée, elle ôte ma prothèse, ce que j’accepte. Une fois la prothèse ôtée, elle déboutonne ma chemise. Ce n’est que là, que je choisirais sciemment de commencer à lui répondre. Prêt à me délecter de chacune de ses réactions, sans doutes.

-C’est de te voir bradée au nom d’un autre, que j’ai refusé. Tu vaux simplement mieux que ça. Souviens toi… j’ai horreur des demi-mesures. Pour le reste… j’ignore jusqu’ou tu comptes m’aider, mais si c’est là ton argumentaire de base, tâche d’ôter ma prothèse avant de finir d’ôter l’armure, la prochaine fois…Et vu que nous en sommes à un stade ou je ne peux que l’accepter, maintenant… alors sache que je ne dors qu’en Caleçon. Il peut m’arriver de dormir nu mais… Je vais éviter de trop mettre tes instinct à rude épreuve, hm .. ?

Mutin, j’accentue un sourire honnête, alors qu’elle laisse glisser la chemise le long de mes épaules, avant de me redresser, lui offrant ainsi le soin de continuer si c’est ce qu’elle désire. Mon regard pèse sur elle. Un regard plus proche de l’amusement et de l’approbation que réellement autre chose. Ou en sommes nous donc, maintenant ? Ira-t-elle jusqu’au bout ?

-Quoi que je serais curieux de voir quelle serait ta préférence…

Conclus-je, choisissant de la pousser à aller jusqu’au bout de son propre jeu…

Il est des choses qui calment effectivement le désir. Et voir un esprit parvenir à l’atteindre en ces lieux en fait partie. Cet endroit est protégé si rudement que même « Dieu » lui-même ne pourrait parvenir à y glisser son regard sans aide. Je comprends donc que mon « adversaire » de circonstance n’est pas seul. Et cela limite les « proies » possibles à bien peu d’êtres. Soit. Cela me convient. D’un geste, je remonte ma main jusqu’à mes propres lippes pour venir me mordre au sang, non sans avoir pris la peine de l’allonger sur le dos auparavant, avant de venir graver la rune portant mon nom, Tiwaz, sur son ventre, suivie de plusieurs autres, mon sang servant d’encre, avant de libérer une pulsion d’énergie assez brutale dans le corps et l’esprit de Solveig pour le bouter brutalement, mes marques ayant fait appel aux protections de l’endroit pour la cibler spécifiquement l’espace d’un instant. Et autant vous dire que ces protections n’ont pas été accordées que par ma propre puissance, mais elles ont été renforcées par Odin lui-même, lors d’une de ses précédentes visites. Ainsi que par Arthur, lors de sa dernière. L’impudent recevra donc dans ses gencives mentales l’impact de deux pouvoirs divin en plus d’une lumière salvatrice et purificatrice d’une pureté intense. De quoi lui en briser une ou deux, à n’en pas douter. Tout d’abord, Solveig resta inconsciente, mais son corps ne réagissait plus comme lorsqu’elle était possédée. Quand à lui… Le lien entre eux existait encore, mais il était assez affaibli pour ne pas revenir à la charge avant un bon moment. A agir en désespoir de cause, il venait de m’ouvrir une voie toute tracée pour que le message soit parfaitement clair. L’endroit lui-même n’ayant rien à craindre. Les protections sont parfaitement solides. Elles ont été dressée pour barrer la route aux nouveaux dieux, il faut dire. Ceci n’aurait donc jamais du se produire. M’enfin, l’un dans l’autre, ça m’aura permis de lui faire passer le message. Je me redressais donc, toujours nu et bien sujet à la frustration de n’avoir pu voir jusqu’ou elle serait allée. Un dieu, même dieu, reste sujet au désir, après tout. Et n’en demeure pas moins sensible au plaisir charnel qu’un mortel. Ce n’est qu’après un moment qu’elle pourra reprendre conscience, alors que j’avisais le vide, sombre, par une fenêtre.

-Il devrait te laisser tranquille tant que nous nous trouvons ici. J’ai ré-activé la barrière de cet endroit qui semblait s’être un peu émoussée depuis le temps. Ce n’est pas plus mal, ainsi, l’endroit restera protégé après notre départ. Je suis désolé de ne pas avoir été plus rapide pour le couper dans son élan. Mais je finirais par rompre le lien qui vous unit, sois en certaine. Cette tentative n’était guidée que par son désespoir.

Je ne me retournais pas vers elle. Lui laissant le temps d’assimiler le tout, coupable, sans doutes, de ne pas être intervenu plus tôt. Je ne sais ce qu’il lui à fait subir, mais cette idée me déplait. Peut être est-ce aussi pour ne pas qu’elle lise la colère dans mon regard ? Colère tourné envers cet « enfant » qui se prends pour le diable. Il ne pourrait que Miauler face à Hela. Peut être devrais-je d’ailleurs la contacter, afin qu’elle ne se joigne à notre guerre ? Ses pouvoirs nous seraient particulièrement utiles. Les deux aspects de ses pouvoirs, d’ailleurs. Ce n’est en tout cas qu’après un moment que je m’approche à nouveau du lit, plus calme, pour venir simplement déposer un baiser sur ses lèvres. Le but n’étant en rien de la forcer à quoi que ce soit. Mais simplement de l’apaiser, de lui faire comprendre que ma colère et le reste n’était pas destinés à sa personne.

-Je ne sais si le cœur te dira de reprendre là ou nous en étions, et dans tous les cas, je le respecterais. Sache simplement que tant que tu voudras te battre à mes côtés, je demeurerais aux tiens. Et que je tiendrais ma parole, quoi qu’il en coute. Car la justice n’a qu’une parole, et que je te la dois dorénavant.

Conclus en lui offrant un sourire franc et simple.

Alors que je comptais la laisser se reposer, elle m’en empêche, me poussant à venir contre elle, bien que le geste ayant provoqué ceci n’ai en rien été de me repousser.. au contraire, pour le coup. Enfin, je me retrouve donc « coincé » contre elle, le buste contre ses seins et le bassin contre l’unique tissu qu’elle porte encore. Un frisson de désir naturel me traverse, d’autant plus face à l’ardeur du baiser qu’elle m’offre. Même si, je parles d’ardeur, mais… c’est surtout une infinie douceur. Douceur ne pouvant sans doutes que la surprendre elle-même et… fatalement, douceur à laquelle je réponds de la même façon. Je me retiens d’un bras, afin de ne pas laisser tout mon poids l’écraser, acceptant ses « errances » sur mon corps sans rechigner tandis que ma main disponible, elle, glisse sur ses hanches, l’y caressant avec autant de douceur. Il n’en reste pas moins que mon corps ne peux que réagir naturellement à tant de proximité, ce qu’elle sentira probablement au travers des tissus. Mais je ne m’en cache pas. Je crois bien, d’ailleurs, que ceux-ci sont imbibés d’un peu de sa propre humidité. Mais je ne cherche pas à aller plus loin, acceptant son besoin de douceur et de tendresse. Acceptant de les lui offrir avec toute la sincérité qui est mienne. Je ne sais si la prendre serait juste. Je ne sais pas même si profiter de son possible état l’est. Et c’est bien aussi pour ça que je tâche de ne pas aller plus loin… Partageant cette simple et tendre douceur. Après un moment, il nous faudra bien respirer, rompant donc ce baiser alors que je me recule un peu, observant ses yeux, ses lèvres encore unies aux miennes par un léger filet, ses seins.. Et la vue que tout ceci m’offre. Je peux la sentir apaisée, appréciant cet échange… Et cela me convient et me comble sincèrement. Je viens alors passer une main dans ses cheveux, venant ensuite caresser sa joue, alors que je me laisse finalement glisser à ses côtés, la gardant avec toujours autant de tendresse contre moi. Lui laissant le soin de demeurer aussi près de moi qu’elle le désire.

Si elle souhaite m’embrasser à nouveau, j’y répondrais. Si elle souhaites m’offrir plus.. je le l’accepterais. Ai-je meilleur moyen de l’honorer et de lui offrir ma confiance que de me partager avec elle, guerrière qui risquera sa vie à mes côtés ? En tenant la promesse que je lui ai faite, oui. Mais pour l’instant, ce n’est malheureusement pas encore possible. Mais ça le sera. Si je peux faire en sorte de rendre à cette guerrière consacrée son humanité… De la voir vivre aussi honnêtement que pleine de douceur, de tendresse ou de violence…. Alors j’aurais atteint mon objectif la concernant. Je veux qu’elle en vienne à aimer la vie, qu’elle en chérisse tous les instants et qu’elle les croque pleinement. A mes côtés si c’est ce qu’elle désire. En tout cas… pour le temps qu’il me reste. Si je peux offrir à ce monde une guerrière aussi digne et vaillante avant de disparaitre… alors j’en serais comblé. Du plus profond de mon être. Ne vous inquiétez pas. Je ne m’en fais pas trop moi-même. Après tout… Dès ma naissance, je savais que ce jour finirait par arriver. Et je partirais dignement, soyez en assurés.

Trouver le sommeil lorsqu’on est excité est chose particulièrement difficile. D’autant plus quand cela aurait pu se produire. Même de côté. Mais ce n’est pas grave. Je suis un grand garçon et je sais contenir une fine frustration. Je l’ai acceptée au moment ou je n’ai pas répondu à l’ardeur de son regard, au dessus d’elle, en venant écarter sa culotte pour me glisser en elle. Il sera toujours temps de voir ça plus tard dans la nuit, demain.. qu’importe. Une autre fois. Elle semble comprendre l’idée derrière mon geste initial, et semble l’accepter avec sincérité et douceur. Nous avons tous deux été frustrés un instant mais cette frustration, par chance, s’est envolée aussi vite. Oui, Solveig n’est pas simplement une arme. Une femme prête à donner son corps pour un supérieur hierarchique. Elle à bien plus de valeur et de profondeur que ça et si quelqu’un en doutait encore, il vient d’en avoir la preuve. Et c’est très bien comme ça. C’est même parfait. Cette douceur, ces caresses.. tout ceci ne me déplait en rien et quelque part, recevoir ces attentions de sa part ne fait que renforcer mes idées à son sujet. En plus de me démontrer le privilège qu’elle m’accorde, car je doute que quiconque ai eu cet honneur avant moi. En tout cas, de cette façon. J’aurais donc continué à caresser sa joue, déposant mes lèvres contre les siennes un instant avant qu’elle ne sombre dans le sommeil, avant de la laisser y sombrer. Je serais alors resté à ses côtés, la gardant contre moi avec toujours cette même tendresse à son égard et bien évidemment, le sommeil finit par me rattraper moi aussi, ce qui me convenait parfaitement, l’engobant dans une petite bulle de sécurité et de chaleur. Elle fut, ce coup-ci, la première à se réveiller, toujours dans mes bras, mon corps nu parfaitement contre elle, la tête reposée sur mon bras valide alors que nos souffles se seront mêlés et emmêlés toute la nuit. Mon sommeil semble paisible, bien qu’un sourire sardonique l’orne. Il semble que dans mes songes, je me trouve sur une terre lointaine… si lointaine.. une terre de combats et de guerre. Une terre de justice. Ou peut être ai-je dans mon sommeil la conscience de l’avoir près de moi ? Si vous saviez le nombre d’avances que j’aurais refusées dans cette montagne. Bien entendu, j’en ai aussi accepté, le charnel gagnant parfois sur le reste. Mais dans la grande majorité des cas.. il était rare de me voir dans une telle position.

Durant la nuit, une petite -vieille- souris serait passée et aura, l’air satisfait, déposée une lettre sur une table, non loin. Je n’y aurais cependant prêté aucune attention, mon sommeil bien trop lourd pour s’éveiller en l’absence d’une menace réelle. Reste à voir ce qui me réveillera, finalement. Ce qui est certain, c’est que mon bras amputé se verra, lui, reposé sur le flanc de la jeune femme, comme s’il pouvait remplacer ma main manquante dans ce contact honnête. Comme s’il pouvait l’englober dans ce cocon de sécurité et de sureté. Comme s’il pouvait suffire à veiller sur la qualité de son sommeil…